Les Quatre Frères

Au nord-ouest de Tsarabanjina, s’élèvent les Quatre Frères, monolithes très caractéristiques formant un quadrilatère émergeant de la surface de l’eau. Ces dômes rocheux aux parois lisses et arrondies interdisent l’accès à leur sommet, mais offrent un abri idéal à des milliers d’oiseaux et surtout un site de nidification où des centaines de familles de fous bruns (Sula leucoblaste) défendent quelques décimètres carrés pour installer leur nid dans les falaises en fondant une colonie bruyante.

Le ciel est littéralement tacheté de fous bruns en mouvements dont les plus curieux survolent, à quelques mètres seulement, le bateau. Leur vol est souple et puissant, et ces derniers semblent jouer du Varatraza, l’alizé naissant du matin, soufflant dans la région, pour se dégourdir les ailes.

Grâce à leur bec et la morphologie générale de leur tête ; qui a certainement inspiré les fuselages les plus pointus de l'aviation, les fous bruns plongent à une vitesse vertigineuse vers l'océan, vitesse dont ne peut égaler aucun autre oiseau de mer qui s'écraserait en atteignant la surface de l’eau.

Les frégates qui se nourrissent de poissons ne savent pas pêcher et les fous et autres oiseaux pécheurs sont les victimes de leurs larcins.

Les frégates (Fregata ariel et Fregata minor), à la silhouette élancée, au plumage noir et blanc sont connues pour être "cleptoparasites" et houspillent leurs victimes en vol jusqu'à ce qu'elles lâchent leur butin que celles-ci rattraperont en vol en effectuant une dernière ressource des plus acrobatiques.

Un récif affleure à la surface de l’eau, laissant apparaître des roches volcaniques aux formes érodées et une longue plage de galets.

Quelques branchages et des silhouettes humaines, c’est au milieu de nulle part, coupés littéralement du monde extérieur qu’est installé ce campement de pêcheurs, pour quelques jours ou quelques semaines.

Coupés en deux, des centaines de vivanneaux sèchent au soleil à même le sol, formant des tapis aux motifs répétitifs et colorés.

Une pirogue accoste et ses occupants vous invitent à découvrir le fruit de leur collecte : des holothuries au nom amusant de “dinga dinga”. Une fois séchées et préparées celles-ci seront vendues à prix d’or sur les marchés asiatiques.

On ne quitte ces îlots du bout du monde qu'à regret, avec ce pincement au cœur et une volonté de revivre ces instants d’authenticité au milieu d’une nature encore vraiment préservée.